«Levons nos verres à ceux qui n’en ont pas…» Le nouveau single «Santé» de Stromae remporte un franc succès depuis sa sortie. Dans cette chanson, le chanteur met en lumière les décalages de classes sociales, entre ceux qui baignent dans le luxe et l’arrogance, en contraste avec la «working class» qui fait des travaux difficiles, moins rémunérés, souvent peu reconnus. Les aléas de la pandémie ont d’ailleurs mis en lumière certaines de ces professions, au cœur du fonctionnement de la société, avec une volonté de revalorisation, plus ou moins actée.
Qu’en est-il du besoin de se développer, de se réaliser dans la vie, en fonction aussi du revenu disponible? Autrement dit, quelle est la possibilité de consacrer du temps (et de l’argent) à son développement, par de la formation continue par exemple, ou par ses loisirs? J’entends parfois dire que certains ont le luxe de se poser ce genre de questions. Cela se confirme selon une des théories largement enseignées dans les écoles de management, celle de la pyramide des besoins, élaborée par le psychologue Abraham Maslow en 1943, qui comprend cinq besoins distincts:
- Besoins physiologiques (boire, manger, dormir)
- Besoin de sécurité
- Besoin de contacts sociaux
- Besoin de reconnaissance
- Besoin d’accomplissement de soi*
Selon cette théorie, nous faisons en sorte de remplir nos besoins en partant des besoins de base, pour finir avec le besoin de réalisation personnelle, qui se trouve au sommet de la pyramide. Donc nous remplissons nos besoins de 1 à 5, selon nos moyens, de façon saccadée. D’où le sentiment de personnes «privilégiées» qui se dégage de l’étage numéro 5…
Cette vision a été remise en question, notamment sur son aspect de hiérarchisation des besoins. Aujourd’hui les avancées en neuroscience et en psychologie nous disent que les besoins sociaux sont omniprésents à chaque étage. Ils servent de moteur pour agir et concentrer son énergie. Ils ne sont pas remplis suite aux besoins de base, mais sont présents en filigrane. En d’autres termes, même dans un pays en conflit, chaque individu tend à remplir les cinq besoins, pour non seulement répondre à ses besoins physiologiques, mais aussi sociaux et individuels.
Le développement personnel n’est et ne doit pas être réservé à une élite, il concerne tout le monde, et chaque personne peut prendre des initiatives dans ce sens, selon ses moyens.
Certes, prendre en main son développement personnel représente un coût, à gérer en fonction de son budget. Au niveau de l’entreprise, les outils RH les plus courants pour se développer prennent alors tout leur sens, avec la formation sur le terrain, le coaching, la formation continue, le mentoring, ou encore l’assessment center. C’est ainsi que l’organisation devient réellement apprenante. C’est aussi un plus pour la marque employeur. Pour les indicateurs financiers, on pourra calculer le taux de retour sur investissement de ces outils.
Les incitations à la formation et la formation continues en Suisse sont fort appréciables, avec la possibilité de se perfectionner, de gagner en employabilité et d’éviter le risque d’une obsolescence de plus en plus programmée des compétences, digitalisation oblige.
*En termes de développement personnel, Maslow a rajouté un complément à sa théorie, près de 30 ans plus tard, soit en 1970. En plus des 5 besoins, il rajoute celui du besoin cognitif (besoin de savoir et de comprendre), le besoin esthétique et le besoin de transcendance (ou de dépassement de soi).
Article publié sur HR Today. Félix d. Hauswirth, psychologue et consultant en ressources humaines