Les webinaires ont de plus en plus de succès. Dernièrement, un psychologue s’exprimait sur les risques de dépendance des adolescents aux jeux vidéo. Eux aussi sont de plus en plus derrière leur écran, rêvant peut-être de devenir un jour e-sportifs professionnels et de faire ainsi du «télétravail» en toute bonne conscience.
Au niveau mondial, les jeux vidéo représentent un secteur en pleine croissance, avec près de 150 milliards de dollars de chiffre d’affaire par année. Et la pandémie ne freine pas cette tendance, bien au contraire. A titre de comparaison, le cinéma représente quelques 40 milliards, contre 20 milliards pour la musique.
Ce psychologue, s’inspirant de l’analyse transactionnelle d’Eric Berne, décrit les trois motivations principales des passionnés de jeux vidéo, quel que soit leur âge:
- Trouver de la stimulation (besoin de défis à relever ou d’apprendre quelque chose)
- Structurer son temps (besoin de rythmer sa journée)
- Recevoir de la reconnaissance (besoin d’estime de soi)
Les jeux vidéo comporteraient donc, à consommation raisonnable, une source de vitalité et d’apprentissage de soi-même. A mon avis, on retrouve les mêmes besoins dans toute activité, notamment le télétravail; c’est une nouvelle compétence à apprendre, avec le bon dosage à trouver.
Maslow a fait différentes études sur le sujet de l’apprentissage. Il nomme quatre phases distinctes, qu’on peut décrire en fonction du niveau de conscience et de compétence. Supposons que je suis un nageur débutant:
- Je commence par la découverte. Je ne suis pas encore conscient de toutes les possibilités, de ce qui pourrait me faire progresser, des bons gestes à effectuer pour avancer.
- En prenant des cours, je prends conscience de mon incompétence; cette phase est plus inconfortable, je mesure l’écart entre ce que je fais et ce que je pourrais faire dans l’idéal. Il s’agit d’expérimenter pour trouver les bons gestes.
- Avec la routine vient la troisième étape: la compétence consciente. J’acquiers de nouveaux gestes, je m’entraîne pour favoriser des habitudes ou en changer. Si j’utilise une technique peu efficace mais bien ancrée, il faudra déprogrammer cette habitude et la remplacer par une technique nouvelle. Cela prend du temps et nécessite beaucoup de répétitions.
- La dernière étape se nomme la compétence inconsciente. L’apprentissage est beaucoup plus solide, par de réels automatismes qui évitent de perdre de l’énergie dans l’eau, avec le plaisir d’avoir réellement progressé. Les gestes se coordonnent sans même que j’en prenne conscience.
Il en va ainsi de toutes les nouvelles compétences à acquérir, avec leur lot de difficultés. Le télétravail en fait partie, pour façonner des automatismes. Pour certains collaborateurs, c’est un savoir-faire en construction, c’est comme s’ils apprenaient à nager, ce qui suscite de l’anxiété. Pour d’autres, c’est un mode d’organisation déjà acquis avec les années; ils en connaissent les avantages et les risques possibles, tout en s’adaptant pour éviter de perdre de l’énergie, avec des pistes à la clé:
- Trouver le lieu idéal pour travailler
- Faire la part des choses entre vie privée et vie professionnelle
- Respecter ses heures de sommeil
- Avoir un espace ergonomique adapté pour éviter des maux de dos ou de poignet
- Se méfier de l’isolement
En 2021, le télétravail occupe une place prépondérante, qu’il s’agit d’apprivoiser, dans le but de trouver un équilibre entre les besoins et les exigences quotidiennes à remplir, source de nouvel apprentissage et d’efficacité. Sans oublier de prendre l’air de temps en temps…
Article publié sur HR Today. Félix d. Hauswirth, psychologue et consultant en ressources humaines