Motivation et envie de se lever le matin

«Combien d’entre vous sont restés piégés dans ce miroir aux alouettes qu’on appelle le week-end. Le samedi et ses illusions, le dimanche soir et l’âge de raison. Et arrive le lundi matin, la journée qu’on doit à la société, à notre patron… Mais si on ne nous levait pas du lit, qui le ferait?» Dans son émission de radio satirique et humoristique qui débute aux aurores, l’acteur Edouard Baer questionne sur le sens au travail. Sommes-nous maîtres de notre destin pour nous lever le matin? Ou subissons-nous à longueur de semaines un rythme professionnel infernal?

Une région du Japon pratique une philosophie qui comporte 4 thèmes clés pour donner sens à sa vie, nommée «Ikigai», ce qui signifie «la raison pour laquelle je me lève le matin». Chacun peut se poser ces 4 questions, pour faire son bilan professionnel:

  • Qu’est-ce que j’aime faire, et qui me procure de la joie?
  • Quels sont les domaines où j’estime avoir du talent?
  • Quel service puis-je fournir moyennant un salaire?
  • A mon avis, de quoi le monde a-t-il besoin aujourd’hui?

Bien sûr, c’est un salaire qui nous intéresse prioritairement pour couvrir nos besoins. Mais cette seule raison ne suffit pas sur le long terme. Si un travail nous apporte aussi de la joie, et qu’on peut y utiliser ses compétences activement, on sera d’autant plus motivé. Et si mon activité fait sens, non seulement au niveau individuel, mais aussi pour la société, je connaîtrai plus facilement ce que les sportifs appellent le «flow», cette énergie supplémentaire qui focalise sur l’instant présent et rend plus performant. A contrario, exercer une activité pour le seul bénéfice pécuniaire comporte un risque de déséquilibre. On est traversé par un sentiment d’incertitude, d’inutilité, voire de vide.

Si l’on regarde de plus près le concept «Ikigai», notamment la relation entre ce qu’on aime et ce dont la société a besoin, on trouve le terme de «vocation», avec une dimension métaphysique. C’est le sentiment de recevoir un appel pour s’engager. Ce que certains nommeraient «notre mission sur terre», sans forcément faire de lien avec la religion.

L’un des enjeux du travail, c’est aussi de prendre du recul. Ce modèle «Ikigai» représente l’occasion de réfléchir pour mieux agir, pour mettre en place les premières étapes du changement. Car le changement apparaît constamment aujourd’hui, à tout niveau, individuel, collectif, organisationnel. Nous sommes tous les jours invités à jouer un rôle actif, et pas passif; ne serait-ce que parce que la vie est trop courte pour vivre celle de quelqu’un d’autre. Prendre des initiatives, c’est faire preuve de leadership et suivre une philosophie complémentaire possible, selon un autre auteur asiatique bien connu: «Les choses ne changent pas. Change ta façon de les voir, cela suffit.» (Lao-Tseu)

Cerise sur le gâteau, savoir pourquoi on se lève tous les matins semble avoir un effet bénéfique sur la santé. Les adeptes du «Ikigai» au Japon sont connus pour jouir d’une espérance de vie particulièrement longue.

Article publié sur HR Today . Félix d. Hauswirth, psychologue et consultant en ressources humaines